| | Lou Reed & le Velvet Underground [The Velvet Underground | |
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padrino Invité
| Sujet: Lou Reed & le Velvet Underground [The Velvet Underground Mer 21 Déc à 0:43 | |
| Je pense qu'il est temps pour moi de m'attaquer à un projet que je fomente depuis longtemps, dans mon lit, sous la douche, en cours, et surtout en écoutant la musique de Lou Reed : dédier à ce dernier un topic complet. Néanmoins, je tiens à différencier ma démarche de celle d'un topic classique ; de fait je ne compte pas vous fournir dès maintenant un résumé de sa carrière en listant tous ses albums avec quelques commentaires pour chacun d'eux. En réalité, je compte aborder de façon régulière un album à chaque nouveau post, dans l'ordre de parution de ceux-ci, tout en rappelant rapidement la vie de Lou Reed dans la même période. Aujourd'hui donc, je vais tout logiquement commencer par son premier album, qu'il a réalisé avec le groupe qu'il a fondé avec John Cale : le Velvet Underground, et résumer son existence jusqu'à la sortie de cet album. Je n'ai pas une extraordinaire connaissance technique de la musique ; tout au plus je me contenterai de parler du style général de l'album, de son influence, et je mettrai le doigt sur les chansons les plus importantes avec par exemple la publication de leur texte. Le titre du topic est évolutif ; le nom mis entre crochets est celui de l'album traité sur le moment (en l'occurence, vous l'aurez compris, on parlera de The Velvet Underground & Nico). Lewis Reed est né en 1942 de parents d'origine juive à Brooklyn. Sa famille vit assez confortablement ; elle appartient à ce qu'on appelle la classe moyenne. Une ambiance qui ennuit assez vite l'ami Lou, lequel veut tenter sa chance dans la musique à New York. Avec le gallois John Cale, il fonde d'abord un groupe intello qui connaîtra peu de succès. Recrutant alors des amis d'enfance, Sterling Morrison et Maureen Tucker, la bande se renomme Le Velvet Underground, et commence à tourner un peu partout à New York. Lou Reed, à l'époque. Faites-y attention, parce qu'on pourra s'amuser au fil du topic à constater les évolutions physiques désastreuses du bonhomme.Au même moment, il se trouve qu'Andy Warhol recherche pour sa Factory un goupe de musique qui saurait se démarquer des Rolling Stones et des Beatles, ces deux derniers étant en 1965 les deux monstres du rock. Warhol décide de produire le premier album du Velvet, et il apporte au groupe un nouveau membre, Nico, une chanteuse blonde qui est alors son égérie. Il conçoit également la pochette, qui constitue à elle seule un mythe, avec cette banane évoquant volontairement une forme phallique. Sur l'album d'origine, on pouvait détacher la peau de la banane pour y trouver dessous... mais je vous laisse deviner.Pour être rapide et clair, ce premier album constitue un album parfait. Aucune chanson ne peut en être jetée, et toutes ont à leur manière marqué le rock. Ce que l'on peut dire de ce disque, et de la carrière du Velvet en général, c'est que le succès n'est arrivé que de façon posthume. De fait, cet album a été un bide, comme les autres du groupe d'ailleurs, mais fait aujourd'hui figure de tournant dans l'histoire du rock. David Bowie déclare à son propos : "Il y a peut-être mille personne qui ont écouté ce disque à l'époque, mais toutes ces personnes ont fondé un groupe". A l'époque, on assiste à la création d'un rock adulte, assumant ses imperfections, voire les revendiquant. Tous les morceaux de cet album, je dis bien tous, sont cultes, tant dans la mélodie que dans le texte. Lou Reed ne possède pas seulement une Licence de Littérature, il possède aussi et surtout le talent d'écrire de vrais poèmes. Il fait figure, aujourd'hui encore, de véritable écrivain. Pou le Velvet, il écrit, compose et interprète toutes les chansons. Sur cet album, que du culte donc. La première chanson, Sunday Morning (reprise récemment dans une pub Aviva ; ça pourra peut-être vous servir de repère), s'ouvre sur quelques notes de xylophone et traite essentiellement de la paranoïa ; la voix inhumaine qui chante est en fait un mélange des voix de Lou Reed et de Nico. Suit I'm Waiting for my Man, l'un des tubes de Lou, dans lequel ce dernier décrit l'attente de son dealer d'héroine. Le texte est éblouissant de force et de simplicité. Femme Fatale, le troisième morceau, traîte, sous la voix de Nico, de la souffrance morale, et est suivie, assez naturellement, d'une chanson sur la violence physique. Venus in Furs constitue ainsi un texte authentiquement sado-maso, comme vous allez pouvoir en juger ci-dessous : Shiny, shiny, shiny boots of leather Whiplash girlchild in the dark Comes in bells your servant, don't forsake him Strike, dear mistress, and cure his heart Downy sins of streetlight fancies Chase the costumes she shall wear Ermine furs adorn the imperious Severin, Severin awaits you there I am tired, I am weary I could sleep for a thousand years A thousand dreams that would awake me Different colors made of tears Kiss the boot of shiny shiny leather Shiny leather in the dark Tongue of thongs, the belt that does await you Strike, dear mistress, and cure his heart Severin, Severin, speak so slightly Severin, down on your bended knee Taste the whip, in love not given lightly Taste the whip, now plead for me I am tired, I am weary I could sleep for a thousand years A thousand dreams that would awake me Different colors made of tears Shiny, shiny, shiny boots of leather Whiplash girlchild in the dark Severin, your servant comes in bells, please don't forsake him Strike, dear mistress, and cure his heart Instant détente avec Run Run Run, puis nouvelle scène de cruauté avec All Tomorrow's Parties, qui conte les déboires d'une pauvre fille qui ne sait pas quelle robe porter aux prochaines fêtes, et qui s'en ira pleurer derrière la porte. Arrive ensuite le titre ultime de l'album, celui qui pourrait être le seul à rester s'il ne fallait en garder qu'un : Heroin. Après avoir acheté sa drogue, il est normal que Lou la consomme, un acte qu'il nous décrit ici avec une puissance rare, dans le texte comme dans la musique, grâce à une montée en gradation qui se finit par un bruit de fond strident accompagné d'une batterie galopante ; un véritable trip en somme qui fait ressentir, certainement dans une moindre mesure, les effets physiques d'une piqûre d'éheroine. Je ne résiste pas à l'envie d'en publier le texte, magistral. Sachez que Lou Reed a écrit ce morceau à l'université, à l'âge de 19 ans environ. I don’t know just where I’m going But I’m gonna try for the kingdom, if I can ’cause it makes me feel like I’m a man When I put a spike into my vein And I’ll tell ya, things aren’t quite the same When I’m rushing on my run And I feel just like jesus’ son And I guess that I just don’t know And I guess that I just don’t know I have made the big decision I’m gonna try to nullify my life ’cause when the blood begins to flow When it shoots up the dropper’s neck When I’m closing in on death And you can’t help me not, you guys And all you sweet girls with all your sweet silly talk You can all go take a walk And I guess that I just don’t know And I guess that I just don’t know I wish that I was born a thousand years ago I wish that I’d sail the darkened seas On a great big clipper ship Going from this land here to that In a sailor’s suit and cap Away from the big city Where a man can not be free Of all of the evils of this town And of himself, and those around Oh, and I guess that I just don’t know Oh, and I guess that I just don’t know Heroin, be the death of me Heroin, it’s my wife and it’s my life Because a mainer to my vein Leads to a center in my head And then I’m better off and dead Because when the smack begins to flow I really don’t care anymore About all the jim-jim’s in this town And all the politicians makin’ crazy sounds And everybody puttin’ everybody else down And all the dead bodies piled up in mounds ’cause when the smack begins to flow Then I really don’t care anymore Ah, when the heroin is in my blood And that blood is in my head Then thank God that I’m as good as dead Then thank your God that I’m not aware And thank God that I just don’t care And I guess I just don’t know And I guess I just don’t know Suit le moins marquant There She Goes Again. On enchaîne sur I'll be Your Mirror, absolument fantastique (une pub pour France Télécom récemment), un peu dans le style de Sunday Morning. L'album se finit en beauté sur deux titres remarquables : les cacophoniques Black Angel's Death Song (dont le concept pour Reed était de faire se suivre les mots juste pour la beauté des sonorités) et European Son. Tous deux constituent un avant-goût de ce qui nous attend sur le second album du Velvet, White Light/White Heat... mais je vous en parlerai un autre jour.
Dernière édition par le Mar 3 Jan à 2:46, édité 1 fois |
| | | pololinho My Admin
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Lou Reed & le Velvet Underground [The Velvet Underground Mer 21 Déc à 14:07 | |
| Joli travail Padrino et super intéressant en plus, ce qui ne gache rien On attend la suite avec impatience ! Moi j'ai découvert Lou graçe à mon papa, qui en m'entandant chanter m'a dit t'as une voix dans le style d Lou Reed ! Plutôt sympa le compliment mais bon c'est mon père donc bon... | |
| | | padrino Invité
| Sujet: Re: Lou Reed & le Velvet Underground [The Velvet Underground Mer 21 Déc à 16:00 | |
| J'ai aussi découvert grâce à mon père, sauf que lui me passais Berlin dans la voiture quand 'avais à peine 4 ans... Je sais qu'à l'époque il m'arrivait de pleurer tellement cet album et ses ambiances m'impressionnaient. En plus ce con me charriait, quand dans The Kids on entend des enfants chialer, il me disait que c'était moi qu'on avait enregistré, bref... |
| | | padrino Invité
| Sujet: Re: Lou Reed & le Velvet Underground [The Velvet Underground Jeu 22 Déc à 16:05 | |
| Sous la peau de la banane... Je continue sur ma lancée avec le second album du Velvet Underground, White Light/White Heat. Avant de commencer à parler de cet album hors du commun, je tiens à vous donner le lien vers la page d'Amazon consacrée à l'album à la banane, où vous pourrez écouter des extraits des titres avec RealPlayer. J'enchaîne d'ailleurs immédiatement avec la page du même site destinée à White Light/White Heat ; de cette façon vous pourrez suivre la lecture en écoutant un peu les chansons. Mais avant, quelques photos du Velvet au complet : Le Velvet Underground ; de gauche à droite : Sterling Morrison, Nico, Maureen Tucker, John Cale, et au premier plan, Lou.De gauche à droite : Nico, Andy Warhol, Maureen Tucker (batterie), Lou Reed (chant, piano, guitare), Sterling Morrison (chant, guitare, basse) et John Cale (chant, violon, orgue, guitare).White Light/White Heat Donc. Après le bide du premier album, Warhol arrête sa collaboration avec le Velvet et le groupe doit se débrouiller seul. Ce dernier parvient, en 1968, à publier son second album, certainement le moins aimé et le plus controversé, White Light/White Heat. Celui-ci reprend les sonorités amenées par European Son (cf album précédent) et les pousse à leur paroxysme. Ici le son est blanc, saturé, pète-tympans, et peut se révéler rapidement plus dévastateur qu'un marteau-piqueur. On adore ou on déteste White Light/White Heat, parfois les deux en même temps pendant qu'un écoute cet ovni. L'album s'ouvre sur la chanson titre, White Light/White Heat, la seule que Reed ait régulièrement repris par la suite lors de concerts. Après Heroin, c'est un nouvel hommage aux drogues ; "la lumière blanche représente les flashes causés par les acides, et la chaleur blanche est celle que l'on ressent dans les dents après avoir absorbé des amphétamines"*. Je ne résiste pas au plaisir de publier le texte de cette chanson : White light goin’ messin’ up my mind Don’t you know, it’s gonna make me go blind White heat, goin’ down to my toes Lord have mercy, white light had it, goodness knows
White light goin’ down to my brain Hey, don’t you know it’s gonna make me insane White heat, down to my toes Lord have mercy, white light had it, goodness knows Forget it
White light Ooohhh, white light Ahhh, white heat Ooohhh, yeah, white light
White light goin’ messin’ up my mind Don’t you know, it’s gonna make me go blind White light, goin’ down to my toes Lord have mercy, white light had it, goodness knows
White light goin’ messin’ up my brain Don’t you know it’s gonna make me insane White heat, goin’ down to my toes Lord have mercy, white light had it, goodness knows Forget it
Ooohhh, white light Yeah, aaah, white light White heat Oh, baby, white light White light, now, now, now
White light goin’ messin’ up my mind Don’t you know, it’s gonna make me go blind White heat, goin’ down to my toes Lord have mercy, white light had it, goodness knows
White light goin’ down to my brain, ooohhh Oh, don’t you know it’s gonna make me insane White heat, goin’ down to my toes Lord have mercy, white light had it, goodness knows Forget it
White light Ooohhh, white light Ooohhh, baby, white heat Yeah, white lightAprès ce gentillet WL/WH, on passe à un exercice de style particulier avec The Gift, un titre de huit minutes. A l'origine, le texte de cette chanson est une nouvelle écrite par Lou Reed, racontant la malheureuse histoire d'un type qui se fait expédier chez sa copine emballé dans un carton enrobé de papier cadeau ; la fille ne parvenant pas à ouvrir le carton le transperce avec un ciseau de cuisine, éclatant par la même occasion la tête de son copain dont "le sang gicle par anneaux rythmés dans la mumière du matin" (tentative de traduction de la dernière phrase). Je vous propose également ce texte, qui est de toute façon réellement tripant même sans musique, et magnifiquement écrit qui plus est. Sa longueur étant tout de même conséquente, je préfère vous donner un lien vers une page qui le propose en intégralité. L'originalité de cette chanson repose sur une idée de Cale ; de fait sur l'album on entend dans le canal gauche le texte récité par Cale et dans le canal droit la musique ; on peut ainsi écouter le texte et la musique séparément. Après cette rigolote histoire d'amour, on enchaîne avec une gentillette histoire chirurgie, Lady Godiva's Operation, ou comment Reed crie au monde sa haine des blouses blanches. Une haine qui s'explique par un épisode douloureux de son adolescence ; à 17 ans son état inquiétait tellement ses parents que ses derniers l'ont envoyé subir 24 séances d'électrochocs, histoire de le calmer. On aura pu constater par la suite l'utillité de ces séances... Voici donc le texte de Lady Godiva's Operation : Lady Godiva here dressed so demurely Pats the head of another curly haired boy, just another toy Sick with silence she weps sincerely saying word that have oh so clearly been said so long ago Draperies wrapped gently 'round her shoulder Life has made her that much bolder now that she's found out how Dressed in silk, latin lace and envy Pride and joy of the latest penny faire pretty passing care Hair today now dipped in the water Making love to every poor daughter's son isn't it fun Now today propping grace with envy Lady Godiva peers to see if anyone's there and hasn't a care Doctor is coming the nurse thinks SWEETLY Turning on the machines that NEATLY pump air the body lies bare Shaved and hairless what once was SCREAMING now lies silent and almost SLEEPING the brain must have gone away Straped securly to the white table ether caused the body to wither and writhe underneath the white light Doctor arrives with knife and baggage sees the growth as just so much cabbage that now must be cut away Now come the moment of Great! Great! Decision! The doctor is making his first incision One goes here--one goes there The ether tube's leaking says someone who's sloppy the patient it seems is not so well sleeping The screams echo up the hall Don't panic someone give him pentathol instantly Doctor removes his blade cagily slow from the brain By my count of ten-- the head won't moveOn passera rapidement sur les deux titres suivants, Here She Comes Now et I Heard Her Call My Name, un peu moins intéressants. C'est alors que l'on atteint la moitié de l'album, et par la même occasion sa dernière chanson. Car si l'on a déjà pu être surpris par les cinq premières chansons, ce n'est rien comparé à Sister Ray, qui domine du haut de ses 17 minutes l'album complet, et le clôt de manière terrifiante. Sister Ray, c'est le nom que Reed donnait à sa seringue. On reste dans la même veine (haha) que dans la première partie de l'album, sauf que là tout est au delà de l'imaginable ; on tient certainement la chanson la plus folle jamais écrite par Reed. Un texte hallucinant parfaitement mis en valeur par l'interprétation musicale sur cet album ; à partir de la quatrième minute environ Cale et Reed entament un duel, Cale à l'orgue et Reed à la guitare. Le combat dure 13 minutes, avec un son poussé à saturation et une improvisation extraordinaire des deux frères ennemis. La chanson a été enregistrée en une prise ; du reste Lou Reed ne l'a jamais, à ma connaissance, reprise, que ce soit en concert ou sur d'autres albums ; c'est un morceau pleinement unique. Là encore, je ne résiste pas à l'envie de vous en proposer le texte : Duck and Sally inside They're cooking for the down five Who're staring at Miss Rayon Who's busy licking up her big man I'm searching for my mainline I said I couldn't hit it sideways I said I couldn't hit it sideways Ah, it's jsut like Sister Ray says Rosy and Miss Rayon They're busy waiting for her booster Who just got back from Carolina She said she didn't like the weather They're busy waiting for her Sailor Who said he's just as big as ever He's just here from Alabama He wants to know a way to earn a dollar I'm searching for my mainline I couldn't hit it sideways Ah, just like Sister Ray said Cecil's got his new piece He cocks and shoots between three and four He aims it at the Sailor Shoots him down dead on the floor Oh, you shouldn't do that Don't you know you'll stain the carpet Don't you know you'll stain the carpet And by the way man, have you got a dollar Oh no man, I haven't got the time time Too busy sucking on a ding dong She's too busy sucking on my ding dong Oh, she does it just like Sister Ray said I'm searching for my mainline I said I couldn't hit it sideways I couldn't hit it sideways Oh, just like, just like Sister Ray says Now, who's that knocking Who's that knocking on my chamber dooe Now could it be the police They've come to take me for a ride ride Oh, but I haven't got the time time Too busy sucking on my ding dong She's too busy sucking on my ding dong Oh, now, just like Sister Ray said I'm searching on my line I couldn't hit it sideways I couldn't hit it sideways Oh now, just like, just like, just like..... Sister Ray says.Evidemment, cet album connaîtra un échec encore plus cuisant que le premier. Sister Ray donnera visiblement Reed vainqueur du duel ; ce dernier vire John Cale du groupe après la sortie de WL/WH et entame avec un nouveau venu et clone de Cale, Doug Yule, le troisième album. (* je n'ai pas pu mieux formuler la chose que le site xsilence.net dans l'article se trouvant à cette adresse) |
| | | padrino Invité
| Sujet: Re: Lou Reed & le Velvet Underground [The Velvet Underground Mar 3 Jan à 2:45 | |
| Malgré le bide de White Light / White Heat (cf épisode précédent), le Velvet continue son bonhomme de chemin, avec au passage un remaniement de taille. De fait, il semblerait que le vainqueur du duel Reed / Cale que l'on entend (subit ?) dans Sister Ray soit Loulou ; en effet ce dernier -sûrement par peur de ne plus être la figure phare- exclut Cale du groupe pour la réalisation de ce troisième opus. Cale est remplacé par Doug Yule, une connaissance de Sterling Morrison ; l'enregistrement de The Velvet Underground peut démarrer, avant une parution en 1969. Jaquette sobre et bon enfant, titre peu original, r.a.s quoi. On notera juste que seuls Reed et Yule (respectivement au milieu et à gauche) ont l'air ravi ; Maureen Tucker prend une tronche suspicieuse et Sterling Morrison (à droite) a simplement l'air de se faire chier. Le plus choquant reste les accoutrements des membres ; on dirait qu'ils vont à la messe.Des extraits ici L'arrivée de Doug Yule est célébrée d'entrée de jeu, puisque c'est lui qui interprète Candy Says en ouverture de l'album. Dès les premières notes, on sent que cet album sera à mille lieux des deux autres ; la musique est douce, amicale, quoiqu'un peu mélancolique. Candy Says est une des chansons préférées de Reed, mais bien que celui-ci soit généralement tout à fait prétentieux, il s'estime incapable de la chanter. On a du coup peu réentendu ce morceau sur des albums live ; on notera tout de même que Reed l'a confiée à Antony sur son album Animal Serenade, sorti l'année denière. Reed explique, à propos du sujet, que Candy était un travelo qui avait contracté un cancer à la suite d'une opération. Le texte est simple mais percutant, a fortiori avec la mélodie douce qui l'accompagne. Candy Says est de ces chansons que l'on peut écouter en boucle sans jamais se lasser, en accompagnant les "touuuu, tou tou waaaaa" sur la fin. Candy says I’ve come to hate my body And all that it requires in this world Candy says I’d like to know completely What others so discreetly talk about
Candy says I hate the quiet places That cause the smallest taste of what will be Candy says I hate the big decisions That cause endless revisions in my mind
I’m gonna watch the blue birds fly over my shoulder I’m gonna watch them pass me by Maybe when I’m older What do you think I’d see If I could walk away from meLa suite est un peu à l'image de ce titre ; les sons stridents et les fausses notes auxquels nous étions habitués se sont effacés pour laisser place d'une manière générale à des chansons tout en retenue. Les textes se trouvent eux aussi allégés, mais n'en restent pas moins excellents, à l'image de celui de Some Kind of Love, véritable hymne au sexe libre : And no kinds of love / Are better than others ; Let us do what you fear most / That from wich you recoil / But which still makes your eyes moist ; Lie down on the carpet / Between thought and expression / Let us now kiss the culprit. Arrive ensuite Pale Blue Eyes, une chanson que Lou a écrite pour une amie aux yeux marron dont il se sentait éloigné à l'époque. Encore une fois, le texte est simple mais touchera tout le monde : Sometimes I feel so happy / Sometimes I feel so sad / Sometimes I feel so happy / But mostly you just make me mad. On ne sait pas vraiment si Lou croit en Dieu, et le cas échéant auquel il croit. Il est certes juif par ses origines, mais semblerait à la limite plus proche du christianisme, comme le laisse à penser Jesus, qui pourrait tout à fait faire office de prière du soir pour un catholique fervent : Jesus / Help me find my proper place / Help me in my Weakness / 'Cause I'm falling out of grace. C'est court mais ça marche. Vient ensuite une chanson qui me tient particulièrement à coeur parce qu'à nouveau il me semble que Lou Reed a visé juste ; j'en suis presque à croire qu'il l'a écrite pour moi. I'm Beginning to see the Light est tout à fait joyeuse ; c'est d'ailleurs ici que l'on commence à entendre Loulou pousser des cris aigus régulièrement ; ces cris mettent généralement le coeur en joie. Si Reed ne versait jamais dans l'excès vocal auparavant (on notera juste un éclatement rire volontairement comique sur Heroin), il commence ici à prendre consicence de tout son potentiel. I'm beginning to see the light est donc parsemé de miaulements divers et réellement gais. Well I'm beginning to see the light. Well I'm beginning to see the light. Some people work very hard, but still they never get it right. Well I'm beginning to see the light. Now I'm beginning to see the light. Wine in the morning and some breakfast at night. Well I'm beginning to see the light. Here we go again playing the fool again. Here we go again acting hard again. Well I'm beginning to see the light. Now I'm beginning to see the light. I'm beginning to see the light. I wore my teeth in my hands So I could mess the hair of the night Well I'm beginning to see the light. Hey I'm beginning to see the light. I met myself in a dream and I just wanna tell you - everything was alright I'm beginning to see the light. Here comes two of you, which one will you chose? One is black, one is blue. Don't look just what to do. Well I'm beginning to see the light. Some people work very hard But still they never get it right Well I'm beginning to see the light. There are problems in these times but none of them are mine Baby, I'm beginning to see the light. Here we go again, I thought that you were my friend. Here we go again, I thought that you were my friend. How does it feel to be loved?Suit I'm Set Free, qui constitue une jolie critique des mouvements de l'époque qui prônaient la liberté totale : I'm set free to find a new illusion. Vient alors le plus grand morceau de l'album, et certainement l'un des plus importants du Velvet : Murder Mystery. Il domine de ses 9 minutes le disque complet, et constitue une expérience musicale fantastique. Le concept est le suivant : deux textes complètement différents récités sur les deux canaux différents, avec la musique au milieu. On peut alors écouter au choix un texte ou l'autre ; le top est qu'en écoutant les deux simultanément on ne comprend rien mais les soorités se mélangent tellement bien que c'est tout à fait agréable à l'oreille. Après ce magistral morceau, l'album se conclut sur Afterhours, qui brille par sa simplicité, sa durée réduite (2 minutes), et la douceur de la voix de Maureen Tucker qui, après avoir débuté par un "One, Two, Free" tout fluet, prie son compagnon de bien vouloir fermer la porte pour qu'elle n'ai plus jamais à voir le jour : But if you close the door / I'll never have to see the day again / I'll never have to see the day again / Once more / I'll never have to see the day again. Ainsi se conclut cet album magistral et accessoirement parfait (le second pour le Velvet). Le Velvet entamera par la suite sa désagrégation, mais publiera un autre album, tout aussi bon : Loaded. |
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